QUEL SENS DES SAVOIRS A L’ECOLE ? Animation § Education n° 265-266 Juillet-Octobre 2018

jeudi 11 octobre 2018, par Martine Couttelin

PHILO’COOP A L EPREUVE DU TERRAIN !

AGIR POUR LE CLIMAT... SCOLAIRE !

"EN QUOI LA PEDAGOGIE COOPERATIVE PEUT-ELLE REPONDRE AUX DEFIS DE NOTRE SOCIETE AUJOURD’HUI ? " Philippe Meirieu

Il serait souhaitable de réinterroger pour s’intéresser de façon un peu plus forte et un peu plus importante à tout ce qui relève des interactions entre élèves, y compris, bien sûr, des interactions entre élèves de niveaux différents.

1 - Exigence coopérative : une mise en place de formes de coopération qui profitent à tous et construisent du bien commun. Il ne suffit pas de mettre des gens ensemble pour qu’ils coopèrent spontanément. S’il y a quelque chose à repenser dans le système scolaire, c’est bien à réintroduire l’entraide entre élèves comme un levier absolument fondamental du progrès de chacun. (...) Un élève qui explique à un autre n’est pas seulement un élève qui aide son camarade, c’est quelqu’un qui progresse lui-même et qui acquiert la conviction que, en aidant, l’autre progresse également, que chacun progresse.

2 - Nourrissage par la culture  :

c’est un travail sur le sursis, qui permet l’émergence de la pensée, l’entrée dans la réflexivité. Cf. Janusz Korczak : différents outils pour réduire les violences tel que celui de la boîte aux lettres permettant de différer l’acte. Tel est le coeur de l’acte éducatif : il desserre les mâchoires entre la pulsion et l’acte et donne la possibilité de partager un peu de culture, de métaboliser ce que l’on vit intérieurement pour pouvoir accéder à la réfléxion et à la pensée. Se donner le temps de réfléchir, se décentrer est essentiel c’est-à-dire s’interroger sur soi-même, capacité profondément liée à la coopération entre pairs.

3 - Le travail vrai sans cesse amélioré de l’élaboration du chef d’oeuvre (C. Freinet)

...Alain l’appelle la patience d’atelier - la forme normale, habituelle, ordinaire de l’évaluation -, c’est-à-dire selon Philippe Meirieu, remettre en chantier son travail pour obtenir quelque chose qui puisse être de l’ordre du chef d’oeuvre au sens des compagnons du moyen-âge qui lui ait permis réellement de progresser.

4 - Partage de l’inépuisable

Faire de la rencontre avec la résistance et du dialogue avec l’objet une forme essentielle et constitutive de la construction de l’attention et de l’entrée dans l’oeuvre. Selon Philippe Meirieu, faire avec, c’est construire simultanément un objet et se construire soi-même dans une relation complexe, appelée par Piaget le dialogue accomodation-assimilation.

5 - L’Ecole pour accéder aux besoins communs fondamentaux, trouver sa satisfaction et satisfaire ses désirs dans le partage de l’inépuisable.

Cet inépuisable est la culture : plus j’en prends, plus je peux en donner, plus j’en donne, plus il y en aura pour les autres. Partager l’inépuisable c’est coopérer.

LA CHARTE DE LA COOPERATION A L’ECOLE

QUEL SENS DES SAVOIRS ?

1 - Croire en leurs capacités

Importance des attentes élevées à l’égard des élèves, signifiées moins par les discours que par les actes, à travers des situations ambitieuses.

2 - Restituer l’essence des savoirs

Restituer aux savoirs leur épaisseur humaine à travers deux dimensions constitutives : leur valeur opératoire (ils répondent à des problèmes) et leur genèse (ils sont produits d’une histoire jalonnée d’erreurs rectifiées). Toute connaissance est une réponse à une question, affirme Bachelard.

UNE GRILLE DE LECTURE SOCIO-DIDACTIQUE DES SITUATIONS D’ENSEIGNEMENT-APPRENTISSAGE

- le sens de l’activité

- l’explicitation des enjeux cognitifs et culturels de l’activité

- l’orientation des tâches et consignes

- l’ajustement didactique

- la mobilisation des concepts

- les critères de réussite de la séance

- le rapport aux disciplinaires scolaires

- l’exactitude des savoirs.

LE CAS DE L’ENSEIGNEMENT DE LA GEOGRAPHIE A L’ECOLE PRIMAIRE

Notion de rapport au savoir et présentation de quelques résultats de recherches témoignant des difficultés des enseignants polyvalents à mettre en oeuvre des pratiques qui favorisent la construction d’un rapport second au monde chez les élèves. Thierry Philippot, Université de Reims.

SAVOIRS ET CLIMAT SCOLAIRES. INTERROGER L’ACTE D’ENSEIGNEMENT, Pierre Pilard, IA-IPR Mission ministérielle de prévention et de lutte contre les violences en milieu scolaire.

Lorsque le climat scolaire s’améliore dans une école, les résultats académiques des élèves s’améliorent et ceux qui profitent le plus de cette amélioration sont les élèves de catégories socio-professionnelles défavorisées.

Lien entre climat scolaire et apprentissage :

- interroger l’acte d’enseignement

- les contenus d’apprentissage

- les démarches d’enseignement

- la relation pédagogique et éducative.

Il y a tout un champ de compétences fondamentales qui restent insuffisamment maîtrisées. Ce sont les compétences psychosociales définies par l’OMS (savoir gérer son stress, savoir entretenir des relations interpersonnelles fructueuses...) que d’autres désignent sous les termes de compétences socio-émotionnelles. Dans le socle commun, il y a comment acquérir le sentiment d’appartenance à la société, apprendre à participer activement à l’amélioration de la vie commune.

La première famille de démarches inclut les pédagogies actives, la coopération, la différenciation... La seconte concerne les pédagogies de l’explicitation permettant de lever des implicites, de comprendre les tenants et les aboutissants, les pédagogies de projet avec la mise en oeuvre d’activités qui inscrivent les apprentissages dans une dynamique... La coopération et la différenciation font partie des sept leviers.

L’éthique relationnelle constitue une clé pour l’école et le climat scolaire. L’approche de l’éthique relationnelle est articulée avec la prise en compte des besoins psychiques fondamentaux chez l’élève. Si on entretien une relation "soutenante" avec les élèves, on les engage dans les apprentissages. Une relation soutenante instaurée par les adultes apporte une qualité des apprentissages, une capacité de concentration, de mémorisation. Il s’agit d’un cercle vertueux : l’enfant se sent compris, il est motivé, sa réussite scolaire augmente et l’enseignant se sent compétent.

Des initiatives : le cartable des compétences psychosociales, les débats philosophiques, le travail sur l’empathie. Il s’agit de procéder à un enseignement explicite de ces compétences.

L’exemple du français. Lorsque j’enseigne le français, j’ai deux options : soit je l’enseigne pour rendre les élèves forts dans ma discipline ; soit pour que ma discipline contribue à leur développement. En fonction de l’option que je choisis, les résultats seront différents car mes attentes ne seront pas les mêmes. Si j’enseigne cette discipline pour qu’elle apporte quelque chose aux élèves -et c’est ce quelque chose qu’il faut interroger- je fais alors travailler sur le développement de leur jugement, de leur sensibilité, de leur culture, de leur capacité d’expression, de compréhension... Cela engage les questions de différenciation, d’évaluation.

Yves Reuter dit que les disciplines servent à lire le monde !

 

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