1 - Un mode de pensée

Est-ce que ça s’apprend ? Philippe Watrelot, professeur de sciences économiques et sociales et formateur à l’Inspé de Paris.
Fondamentalement, l’acte d’apprendre est une forme de créativité, puisqu’il s’agit de créer des liens et des connexions nouvelles dans notre cerveau. C’est la condition même d’apprendre ! La créativité n’est pas seulement au coeur des apprentissages mais est aussi la condition de l’enseignement. Enseigner, c’est un artisanat où l’on doit trouver les meilleurs moyens de répondre aux besoins spécifiques de ses élèves. Et cela se passe forcément par un processus de création. La créativité tout comme la persévérance ou l’optimisme ne sont pas des traits de caractère, ce sont des compétences qu’il faut développer.
La "pédagogie de la réponse" est comme un frein à la créativité. On ne propose pas des problèmes à résoudre, mais on pose des questions à un élève qui essaie de deviner ce qui ferait plaisir à l’enseignant. Cela suppose des situations où l’on n’est pas inhibé par des jugements qui tombent comme des couperets. L’enjeu se situe donc dans la posture de l’enseignant. Celui-ci doit donc être capable de lâcher prise et de s’autoriser à accepter de ne plus être dans une position centrale et d’avoir l’illusion de tout contrôler.
Veut-on un enseignant concepteur ou créatif ou applicateur ? Les conditions de la créativité sont donc à la fois personnelles, institutionnelles et culturelles.

Quand je serai grand..., Nathalie Djenidi, professeure des écoles.
Chaque année, la Fondation entreprise réussite scolaire organise un concours ouvert à toutes les écoles primaires de la métropole de Lyon : "Quand je serai grand, je serai...".
La créativité touche un domaine qui n’avait pas encore été évoqué : l’organisation de travail.
Ose se tromper ; échanger des idées ; impliquer les familles ; un état d’esprit.

Ouvrir les possibles en arts plastiques, Maëliss Rousseau, enseignante en maternelle dans l’académie de Versailles.

2 - Entre liberté et cadre

L’intelligence qui s’amuse, Martine Tassin, professeure en psychopédagogie, présidente de l’association Cellule Epicure.

Toute étude intelligente est faite de questionnements, d’observations, d’appropriations, de recherches et de communications. Les enseignantes devront préparer les enfants à exercer ces cinq démarches. La pédagogie traditionnelle néglige(ait) le questionnement, l’approche multisensorielle, la communication et surtout la reliance et l’appropriation. Or c’est bien là, dans ces interactions avec le savoir, l’environnement et les autres, que l’enfant pourra se construire de façon fructueuse et s’approprier son savoir.
La créativité, elle, est considérée comme une disposition plutôt qu’une capacité particulière ou un acte inventif ponctuel.
Il est aussi utile de rechercher chez chacun des "indicateurs de créativité", comme : l’attitude, l’expression personnelle, les processus mis en œuvre, la fluidité, la flexibilité.

3 - Travail individuel, changement collectif

Le cheval et le trompettiste, Angélique Libbrecht, institutrice en primaire, Belgique.

C’est en guidant pas à pas l’imagination et la réflexion des élèves qu’on les conduit à lâcher la bride de leur créativité.
Temps 1 : déclencher des idées,
Temps 2 : imaginer des réponses, vraisemblables ou non,
Temps 3 : création

– donner un temps de travail individuel de cinq minutes pour que l’élève puisse prendre le temps de développer sa première idée,

– échanges en trios,

– suite à l’échange, proposer aux élèves de se lancer dans la création de leur idée, seul ou en groupe. Mettre à disposition le matériel.
Ce dispositif permet de susciter la créativité, de faire émerger un objet insolite, de briser les habitudes à quelque chose qui va réveiller l’enfant de sa torpeur et lui permettre de sortir des stéréotypes. L’inventivité exige de rompre avec la pensée déductive et de s’autoriser à oser des hypothèses, même absurdes, pour les tester en les confrontant à l’interpellation d’autrui. La créativité exige un travail pédagogique structuré à partir des opérations mentales qu’on veut faire effectuer à l’élève.

Pensée créative et réflexion, Michel Tozzi, formateur à la philosophie avec les enfants.
Un plaidoyer pour une pensée créative, complément de la pensée critique, pour donner du sens à la réflexion.

Perspectives

Nao, un nouvel outil d’aide à la gestion de la classe ?

Les coins jeux en maternelle et la résolution des conflits en classe ;

– la place du symbolique
Les jeux symboliques sont présentés comme des lieux de développement et d’apprentissage divers. Ils apparaissent également comme des lieux privilégiés d’émergence des conflits entre élèves. Certains élèves, qui ont un niveau très faible en langage, sont néanmoins capables de développer des stratégies expertes de résolution interne.

– les tout-petits impliqués
Les enfants les plus jeunes résolvent rarement le conflit de façon interne. Pour eux, ces jeux entre pairs sont particulièrement profitables, car ils ne seront en mesure de mettre en œuvre cette pensée de second ordre que lorsqu’ils seront en moyenne section.

– de l’intérêt des conflits dans les coins jeux
Ils existent des aspects positifs dans les conflits : ils constituent une première approche de la résolution de problèmes. Savoir résoudre les conflits devient alors une compétence de l’élève. Le jeu d’imitation et la résolution de conflits sont des activités hautement coopératives. Il semble opportun de maintenir, dans notre système scolaire, les pratiques qui constituent les prémices de ces activités collaboratives, en les valorisant tant chez les garçons que chez les filles dès le plus jeune âge. Compétences communicationnelles et collaboratives ne doivent pas être éclipsées par le renforcement trop prématuré des apprentissages. Les situations de jeu permettent l’émergence et le développement du langage et de la cognition sociale.
Mathilde Guardiola, docteure en sciences du langage et professeure des écoles en maternelle et Madelyne Klein, neuropsychologue à Fuveau (Bouches-du-Rhône).