FORMER L’ESPRIT CRITIQUE - Cahiers Pédagogiques n° 550 de janvier 2019

mercredi 23 janvier 2019, par Martine Couttelin

Métacognition et estime de soi, de Jean-Michel Zakhartchouk

> Confiance et surconfiance
On retiendra aussi le malaise ressenti dans l’assistance à la suite de l’intervention pleine de vigueur, d’humour et de modestie de Jean-Philippe Lachaux sur son éducation à l’attention à travers le projet Atole (démarche pédagogique de régulation de l’attention à l’école. Cf. Cahiers pédagogiques "Neurosciences et pédagogie"). Le président du Conseil, Stanislas Dehaene, l’a vivement interpellé sur l’absence de "validation scientifique" de son action, reconnue d’ailleurs par Lachaux lui-même, mais surtout sur les dangers de s’engager dans de tels projets tant qu’ils n’ont pas été validés.Il faudrait donc attendre "les preuves", dans le domaine pédagogique, les choses fonctionnaient ainsi.
Mais globalement, sur le fond, ce qui a été dit lors de ce colloque ne va pas vraiment dans le sens du cours actuel de l’école. Ainsi, il ressort que la pédagogie coopérative permet le développement de compétences métacognitives, grâce aux échanges entre pairs, rend les apprentissages individuels plus efficaces, encourage à la persistance des efforts et à la prise de risques. Tel était le sens de la belle intervention de Céline Buchs, chercheuse à l’université de Genève, qui par ailleurs pointait justement les conditions à réunir pour un véritable travail coopératif. Trouve-t-on souvent le mot "coopération" dans les textes ministériels récents ?
Tout le contraire du chemin linéaire de l’apprentissage de type béhavioriste ou allant d’un faux simple au complexe. J’y ai entendu donc pour ma part un éloge de la complexité et de l’exigence, qui implique aussi que l’enseignant s’interroge sur son propre rapport à la difficulté et "sa propre expérience métacognitive". Il ne faut pas qu’il soit le simple exécutant d’un programme préétabli, non ?

> Dessin ou géométrie ?
On ne peut envisager l’acte d’apprendre par un sens unique et simple entre sujet cognitif et objet (information à traiter), il faut toujours faire intervenir le tiers qui est le contexte. Il fustige des pratiques encore trop fréquentes et dont on ne voit pas la critique dans les divers textes : former de façon permanente des groupes homogènes, mettre en avant les meilleurs comme "exemples", commenter de façon publique les résultats des élèves, "naturaliser" les réussites ou les échecs en parlant d’élèves "doués", etc. Il convient de donner la priorité aux buts de "maitrise" au détriment des buts de "performance", de diversifier les modes de présentation des contenus, de promouvoir des stratégies de représentation de soi personnalisées, etc.
Sur l’importance de l’engagement actif des élèves et du nécessaire climat de bienveillance dans lequel l’erreur ne doit pas être stigmatisée, et sur la nécessité d’une formation plus soutenue des enseignants, notamment sur ce que signifie la mise en oeuvre de la métacognition.
La métacognition peut-elle se combiner avec la verticalité et le programme venue d’en haut ?

Les groupes de discussion, une bonne école, de Fatiha Boukhalfa

La dictée, c’est barbant, de Véronqiue Druot, professeure des écoles.
Laisser libre cours à l’esprit critique en conseil d’élèves, c’est aussi accepter de voir son autorité interrogée. Un moment déstabilisant pour l’enseignant, mais surtout un levier pour faire évoluer ses pratiques et expliciter le sens des apprentissages.
> Le conseil d’élèves
Le conseil, lieu de début , de proposition, d’information. Lieu de pouvoir ? Je dirais plutôt lieu où l’esprit critique de chacun est mis au service de l’intelligence collective en action. Les élèves disposent leurs chaises en cercle afin que tout le monde puisse se voir.
"Je sors le cahier du conseil" :
"Le conseil est ouvert, je serai le ou la présidente. On demande la parole, on ne se moque pas. Je donnerai la parole en priorité à ceux qui ont le moins parlé. Les gêneurs trois fois ne pourront plus ne parler ni voter. Qui veut être secrétaire ?" Le président fait la même chose pour le maître du temps, le donneur de parole et le responsable frigo. Le frigo, c’est un tableau sur lequel les élèves ont écrit les points qu’ils souhaitent aborder au conseil.

"Hier, mon papa a déménagé", de Patricia Mothes, enseignante

 

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